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L'Île des esclaves

L'Île des esclaves
Marivaux - Luc Rosello
Classique au présent

Spectacle accessible à partir de 13 ans

Création : septembre 2023
Disponible en tournée : saison 2024/2025

 

 

Marivaux, à l'aube de la Révolution française, nous entraîne joyeusement vers son épilogue en happy end : essayer de tout changer, puis préférer, finalement, tout recommencer comme avant... mais en beaucoup mieux. 

Ne serait-ce pas cela, l'éternel cheminement de nos tentatives utopiques, d'hier et d'aujourd'hui ? 
Ce "beaucoup mieux" me questionne. Jubilatoire. 

Et comme La Chronique de Paris, journal quotidien l'écrivait en 1793, en référence à Marivaux et en pleine période de la Terreur : "Plus horizon politique se rembrunit, plus l'esprit a besoin de trouver au théâtre une illusion de plaisir que sa situation intérieure ne peut lui procurer". Terriblement jubilatoire. 

Luc Rosello 

Luc Rosello 

La pièce 

Quatre Athéniens, deux maîtres et deux esclaves, se retrouvent échoués sur la mystérieuse et révolutionnaire Île des esclaves. Guidés par le gouverneur de cette étrange république, les naufragés vont devoir se soumettre à une singulière expérience : inverser leurs rôles ! Comment chacun va-t-il dès lors affronter ce revers de fortune, ce renversement de l’ordre social ? Souvenir des souffrances passées, chantage affectif et désir de vengeance vont bon train dans cette cruelle et vertigineuse comédie philosophique en un acte. Comme toujours chez Marivaux, maître éclairé du langage et des sentiments, les méandres de l’âme humaine sont explorés avec une acuité extrême. 

La mise en scène 

De L’Île des esclaves, Luc Rosello imagine une mise en scène placée sous le prisme des résurgences des rapports dominant/dominé dans le monde contemporain.  

Une distribution de l’Indianocéanie 

L’œuvre de Marivaux est incarnée par une distribution de l’Indianocéanie qui, par l’identité même des interprètes, leur couleur de peau, permet d’évacuer les références historiques à la société esclavagiste et de porter l’attention du texte sur les rapports de domination liés au statut social. 
Les cinq rôles de la pièce sont joués par deux interprètes malgaches issus de la Cie Miangaly, par un comédien mahorais tout juste sorti de l’École supérieure de théâtre de l’Union à Limoges et par deux interprètes de la filière Théâtre réunionnaise. À ces personnages s’en ajoute un autre, celui des “Habitants de l’Île”, incarné par le musicien et circassien malgache Tina Rakotondrasoa. Ces interprètes - venus de Madagascar, de Mayotte et de La Réunion - apportent une énergie singulière, inhérente à leur parcours, leur culture et leur formation, qui sert et révèle la mécanique de Marivaux. Leur pratique du théâtre est nourrie par la musique, le chant et la danse. Ils abordent et s’appro- prient le langage comme une véritable partition, d’autant plus que le français n’est pas leur langue maternelle. 

Des témoignages contemporains du monde du travail  

Afin de relier le spectacle à des rapports de domination beaucoup plus proches de notre réalité, Luc Rosello mêle au texte de L’Île des esclaves - joué dans son intégralité - des propos d’acteurs du monde du travail, sous la forme de témoignages. Cette parole restituée permet au monde réel de venir percuter la forme théâtrale. Formulée dans quatre langues (français, créole, malgache et shimaorais), elle crée une partition qui vient télescoper l’œuvre de Marivaux. Bien qu’impromptus, ces impacts réalistes s’inscrivent pourtant dans la dramaturgie comme une évidence. Révélateurs de l’esclavagisme dissimulé ou assumé du monde moderne, ils s’affirment comme une réponse ou un prolongement à la pièce. 

Une Île de plastique 


Une Île de plastique 


Parce que cette Île est à l’image de notre époque, la scénographe-costumière Charlotte Villermet et Luc Rosello ont imaginé́ une île composée de plastique. Un plastique blanc, clinique, qui s’est sédimenté sur la plage. En opposition avec le monde de l’ailleurs qui vient progressivement polluer l’espace, trois rochers noirs, ancrés dans le sol, semblent illustrer des îlots de résistance, ténus mais bien présents. Quant aux “habitants de l’Île”, incarnés par l’acteur-musicien, ils trouvent leur place aux plus près des spectateurs, dans la fosse d’orchestre, créant ainsi une dimension inclusive du public dont on peut imaginer qu’il est lui- même acteur des rapports de pouvoir qui se jouent sur le plateau. 

L’Hiragasy malgache en toile de fond 

La référence à l’Hiragasy est omniprésente en filigrane dans cette Île des esclaves, à travers l’univers musical du spectacle et la présence de l’acteur-musicien. Inspiré de cet “opéra” traditionnel interprété à l’origine par des paysans, mêlant chants, danses, acrobaties et contes, cet art populaire des Hauts-Plateaux malgaches alimente l’interactivité permanente de ce personnage des Habitants avec le public. Il confère humour et auto-dérision à la représentation et permet de porter un regard critique sur les enjeux du texte. 
 

Distribution et crédits 

Texte :  Marivaux 
Mise en scène : Luc Rosello
Avec : Gad Bensalem, Fela Razafiarison, Tina Rakotondrasoa (Madagascar), Manuela Zeziquel, David Erudel (La Réunion), El Badawi Charif (Mayotte).
Scénographie et costumes : Charlotte Villermet
Lumière : Pascal Noël 
Design sonore : Nicolas Rapeau
Assistante à la mise en scène : Marie Gibbs
Réalisation des costumes : Nelly Graillot & Elisabeth Leclerc
Réalisation des éléments scénographiques : Sylvain Dedieu, Antoine Frattini & Patrick Kam-Mone
Photos : Cédric Demaison
Production : Centre dramatique national de l’océan Indien

Création : septembre 2023
Disponible en tournée : saison 2024/2025

Contact diffusion : 
Nicolas Laurent – production@cdnoi.re